mercredi 22 février 2023
Le débat tactique sur l’obstruction parlementaire menée par la FI contre l’avis de l’intersyndicale et contre l’avis de ses partenaires de la Nupes, empêchant le vote sur l’article 7, mérite attention et nuance. Car au fond il s’agit de confronter deux tactiques qui ont chacune leurs arguments.
La tendance naturelle de Mélenchon et de la FI à préempter le mouvement social, à la manière de ce que le PCF faisait en d’autres temps est à combattre sans concession.
Mais le groupe parlementaire devait-il pour autant plier devant la demande de l’intersyndicale ? Ce n’est en tout cas pas ce que dit la Charte d’Amiens qui défend le rôle premier du syndicat dans les luttes jusqu’à la révolution sociale mais autorise les partis et les sectes à faire de la politique de leur côté tant qu’ils n’empiètent pas sur l’indépendance syndicale. Qu’un des partis de la gauche électorale se montre combatif, insolent est de ce point de vue une bonne nouvelle. Le ron-ron parlementaire est un spectacle dépolitisant et démoralisant.
Mais l’alarme résonne quand toute la galaxie macroniste et médiatique compare à foison la sagesse des manifestations et l’agressivité des députés FI. Car s’il est difficile de trancher sur l’intérêt tactique d’aller ou pas au vote (avec un risque de voir l’article 7 adopté) ; il est facile de reconnaître que nos manifestations du premier round, bien que massives, sont trop sages pour gagner. D’ailleurs même la CFDT reconnaît la nécessité d’augmenter l’agressivité syndicale en bloquant le pays le 7 mars.
Il faudra beaucoup plus d’insolences syndicales et ouvrières pour tenir dans la durée une grève reconduite, prolongée, sous les formes adaptées à toutes les situations, y compris par le sabotage de la production des richesses. Que des députés mènent en même temps la guérilla sur leur terrain ne peut nuire au développement indépendant du mouvement populaire.
D’ailleurs bloquer le Parlement, voilà un objectif insolent pour un mouvement syndical indépendant ! Chiche ?