mardi 14 mai 2019
Outre l’élection des différentes commissions de congrès qui donne toujours lieu à quelques agacements et tensions sans grande importance réelle, l’essentiel de la journée s’est résumé dans le long discours d’introduction de Philippe Martinez (1h 40).
Curieux discours au demeurant, ni vraiment rapport d’activité, ni rapport d’orientation mais où aucune difficulté n’est passée sous silence. A plusieurs reprises y compris le secrétaire général évoque sans fard telle ou telle difficulté : syndiqués individuels, communication confédérale, formation syndicale... A l’image de son discours de Marseille où il avait désamorcé la critique de l’attentisme confédéral en prenant ses distances avec le « syndicalisme rassemblé », Martinez a délivré un discours qui pose toutes les questions, sans fermer les réponses mais sans vraiment en proposer non plus. Tentant habilement de donner satisfaction aux multiples sensibilités qui traversent l’appareil CGT.
Ainsi des questions internationales : évoquant à tour de rôle des syndicats affiliés CSI et d’autres affiliés FSM, il réussit à les faire tous applaudir pour conclure que l’internationalisme se moque des postures et des affiliations mais se concentre sur le travail réel. Il marque un point en relevant que 107 délégués étrangers venant de 60 pays sont présents. Un record dit-il. Dimanche lors de la journée internationale qui se tenait avant l’ouverture du congrès, les pro-FSM se sont retrouvés en difficulté devant un syndicaliste iranien indépendant, tout juste sorti de prison, qui doit faire face au syndicat officiel du régime iranien, membre de la FSM... Martinez était en revanche un peu moins convaincant en se félicitant des 48% obtenus avec le soutien de la CGT, par une dirigeante de la CGIL italienne pour la direction de la CSI. Car si se score est un échec relatif pour la direction de la CSI, c’est aller un peu vite que d’affirmer le retour de la lutte des classes dans la CSI !
Offensif contre Castaner et la manoeuvre policière organisée le 1° Mai à Paris contre la CGT, il réussit aussi un exercice d’équilibre à propos des Gilets jaunes en soulignant, ce qui n’est pas faux, que si les manifs du samedi sont utiles, les grèves en semaines le sont aussi.
Se réclamant sans ambiguïté d’un syndicalisme du rapport de force « je n’ai jamais convaincu un patron avec des arguments », il confirme une orientation lutte de classe (celle que les médias de lundi, confortés par l’interview de Le Paon dans Le Figaro, dénonce comme responsable du recul des forces CGT). Mais il reste relativement évasif sur le contenu de classe d’un projet politique anti-capitaliste. Ainsi en se réclamant de la déclaration fondatrice de l’OIT : « le travail n’est pas une marchandise », il reprend à son compte un voeux pieu du syndicalisme réformiste. Car justement dans le capitalisme, le travail est une marchandise comme les autres constat qui débouche sur la double besogne chère à la Charte d’Amiens...
Après un long plaidoyer en défense des UL, manifestement destiné à rassurer face à la mise en place des comités régionaux aux pouvoirs renforcés, il a aussi pris soin de rappeler que statutairement notre fédéralisme laissait toute autonomie aux structures CGT, mais qu’elles devaient toujours rechercher une indispensable coopération. Là encore des mots pour ne froisser personne...
Au final un discours ponctué d’applaudissements sans enthousiasme excessif mais sans sifflets non plus. Mardi avec la parole aux délégués nous saurons jusqu’à quel point le déminage a fonctionné !