mercredi 29 mars 2023
Il est midi et les délégués rentrent par grappes de la manifestation clermontoise. Dans la grande salle de restaurant, une rumeur dévastatrice commence à se répandre de table en table : Martinez aurait repris à son compte la proposition de médiation formulée par Laurent Berger. Colères et postures garanties pour la reprise des débats…
Un nouvel incident à la tribune vient troubler le congrès dès la reprise. Un journaliste du « Peuple », publication de la CGT, a été prié de rentrer à Montreuil sur le champ : il a donné le discours (encore sous embargo) de Marie Buisson à un journaliste de « L’Humanité ». Rupture de confiance dans un congrès très tendu ? Autoritarisme ou parano inutile de la direction ? L’incident tombe en tout cas à point pour fragiliser un peu plus la direction au moment de l’ouverture du débat sur le bilan d’activité. Malgré une gestion impeccable de la séance par la tribune, les opposants font feu de tout bois.
Les délégués de la Chapelle Darblay ou des Deux-Sèvres défendant les luttes écologistes sont mollement applaudis. Les attaques sur quelques errements de la direction confédérale (plan de relance européen, médiation…) reçoivent des ovations. Tout comme la dénonciation de « Plus jamais ça », de la cellule contre les violences sexistes et sexuelles ou encore des quotas pour la parité hommes/femmes.
Pourtant ces oppositions frontales, violentes quand un délégué des territoriaux dénonce la candidature de Marie Buisson comme un acte digne de la royauté, sont aussi très confuses. Comme lorsqu’un délégué des Mines-Energies dénonce le RIP en oubliant que c’est Fabien Roussel qui en a lancé l’idée… Ou encore quand le délégué d’Air France dénonce l’arrêt des vols de courte distance au nom de l’emploi, sans aucune réflexion sur le bilan carbone de cette activité ni sur le transfert souhaitable vers le réseau ferré (et l’emploi à la SNCF)…
A l’issue du débat, c’est sous les huées de la salle que la direction confédérale sortante doit défendre son bilan. Hélas, la camarade lit une déclaration manifestement écrite à l’avance et n’apporte aucune réponse précise aux questions précises soulevées par les délégués ! L’image donnée est celle d’une direction sonnée, acculée dans les cordes, incapable de rendre les coups. Défaite. Un vigoureux « dehors les agresseurs sexuels » ne reçoit qu’un soutien mitigé de la salle et l’appel à la généralisation des grèves ne suffit pas à calmer la salle. Etrange sensation de voire le congrès sombrer, comme le Titanic, sans rien pour stopper le naufrage. Le vote est sans appel et historique : le bilan d’activité est rejeté par 50,3% contre et 49,7% de pour. Deux CGT vont devoir durablement cohabiter.
La journée se termine par la présentation du bilan financier. Des questions véhémentes sont de nouveau posées mais au moins des réponses précises sont apportées par les rapporteurs.
La débâcle et les incertitudes sont telles qu’il est alors annoncé qu’il n’y aura pas de point presse pour les journalistes ce soir...