mardi 10 janvier 2023
Le collectif de militantes qui s’était signalé par un premier tract lors du dernier CCN publie une longue série d’amendements en espérant que les syndicats s’en emparent. En voici le texte. Vous pouvez contacter le collectif : syndicat.cgt.safe gmail.com
LA PEUR DOIT CHANGER DE CAMP PROPOSITIONS D’AMENDEMENTS AU DOCUMENT D’ORIENTATION DU 53ÈME CONGRÈS
Amendement 2T283 (Thème 2, paragraphe 283)
Suppression de la phrase « C’est donc notre implantation sectorielle qui explique que
nous ayons une majorité d’hommes parmi les syndiqué.e.s. ».
Explication :
Les éléments mentionnés dans le paragraphe ne permettent pas du tout d’affirmer que la sous- représentation des femmes à la CGT est le résultat de cette implantation partielle. D’une part, il n’est nullement démontré que la proportion de femmes CGT correspond à la proportion de travailleuses dans nos secteurs d’implantation ; il n’est donc pas possible d’écarter l’idée que les femmes ne sont pas sous-représentées de manière générale à la CGT. D’autre part, quand bien même cela serait le cas, le texte n’apporte pas d’éléments probants permettant d’affirmer que c’est l’implantation qui explique le manque de femmes et non le manque de femmes qui explique la faible implantation.
Amendement 2T285 (Thème 2, paragraphe 285)
Ajouter au début « La CGT ne peut prétendre syndiquer massivement les
femmes, en particulier dans les secteurs majoritairement féminins, sans mener les
luttes qui sont les leurs. ».
Supprimer « pour favoriser la place des femmes, tant dans la société qu’au sein
de notre organisation ».
Ajouter « La CGT se fixe pour objectif de syndiquer autant de femmes que
d’hommes et d’en faire un bilan lors de son prochain congrès. Pour cela, elle met
en place toutes les mesures nécessaires permettant aux femmes de s’y sentir
bien. ».
Explication
Il nous semble important d’expliciter la réflexion qui semble être celle des auteurs, et que nous partageons : pour syndiquer une population, il faut qu’elle trouve son intérêt dans l’engagement syndical.
Explication « favoriser la place des femmes » ne veut rien dire.
Amendement 2T286 (Thème 2, paragraphe 286)
Ajouter un paragraphe « L’ensemble des organisations de la CGT doit s’employer
à faire du 8 mars une journée de mobilisation nationale interprofessionnelle. ».
Explication
Nous constatons année après année que les cortèges CGT les 8 mars sont clairsemés et très majoritairement féminins. Il est important d’acter que l’ensemble de la CGT doit se mobiliser ce jour-là et pas uniquement les femmes ou les « métiers du lien et du soin ».
Amendement 2T288 (Thème 2, paragraphe 288)
Ajouter « patriarcale » pour donner « En effet, nous ne pouvons pas renvoyer à la
seule justice patriarcale le soin de faire respecter nos valeurs. ».
Explication
Notre système judiciaire actuel s’est construit dans un système patriarcal, et cela se ressent dans son incapacité à traduire en justice les auteurs de violences sexuelles – elle condamne aujourd’hui moins de 1% des viols. Il est donc important de préciser le caractère patriarcal de notre justice, ce qui renforce notre besoin de gérer autrement la protection de notre organisation vis-à-vis des agresseurs.
Suite amendement 2T283 (Thème 2, paragraphe 283)
Ajout de la phrase « Cela pose la question de la capacité de la CGT à
répondre aux attentes de ces travailleuses. ».
Explication
A l’inverse, les chiffres avancés nous amènent à nous interroger sur les motifs de la
désaffection de ces femmes vis-à-vis de la CGT. Pourquoi ces femmes n’identifient
pas la CGT comme un cadre d’organisation pertinent ?
Amendement 2T290 (Thème 2, paragraphe 290)
Suppression de « systématiser la mise en œuvre ».
Ajouter à la place « rendre obligatoire le suivi ».
Explication
Nous estimons que nous ne pouvons plus nous contenter de proposer des formations aux cadres dirigeants, mais que nous devons exiger qu’ils et elles soient formé.e.s à ces questions. Dans son dernier rapport, la cellule de veille confédérale notait que moins de 50% des membres de la CEC avaient été formés à 6 mois de la fin de leur mandat...
Amendement 2T289 (Thème 2, paragraphe 289)
Suppression de la phrase « La présomption d’innocence ne s’oppose pas à la
présomption de sincérité, elles sont à mettre au même niveau. ».
Supprimer « d’actions. »
Ajouter à la place « de gestion des violences sexistes et sexuelles, qui tienne compte
des rapports de domination organisés par le système patriarcal et assure la protection
des victimes. ».
Explication
Cette affirmation ne tient pas compte des rapports de domination organisés par le système patriarcal. L’agresseur et la victime ne sont pas sur un pied d’égalité lorsqu’ils ou elles s’expriment. Nous savons que la stratégie des agresseurs repose sur plusieurs mécanismes, dont l’isolement des victimes, leur dévalorisation, l’inversion de la culpabilité et la construction de leur impunité via la recherche d’alliés qui vont les aider à discréditer la victime. Nous savons également que les violences ont des conséquences sur les victimes, dont la honte, la culpabilité, la dévalorisation, la perte de confiance, la peur des représailles, la peur de ne pas être crue, la peur des conséquences en cas de dénonciation. Nous savons aussi que dans le cas d’une
agression une mémoire traumatique se met en place, avec pour conséquences possibles le fait d’avoir un récit incomplet, confus, contradictoire ou très détaché. En d’autres termes, nous ne pouvons pas mettre au même niveau le discours d’une victime que tout pousse à se taire, et celui d’un homme protégé par tout un système. Il ne s’agit pas de juger coupable tout homme accusé par une victime, et de toute manière il ne s’agit pas de juger – nous ne sommes pas juges ; il s’agit d’ériger comme principe le fait de croire les victimes.
Explication
Il s’agit de préciser l’enjeu du cadre commun en le replaçant dans le contexte dans lequel il s’inscrit et en réaffirmant la nécessité de protéger les victimes.
Amendements 2T377 à 2T379 (Thème 2, paragraphes 377 à 379)
Supprimer les paragraphes.
Ajouter le texte suivant :
« Prévenir les violences sexistes et sexuelles à tous les niveaux de l’organisation :
Former les camarades dès leur syndicalisation et tout au long du parcours syndical (modules à intégrer à l’ensemble des formations CGT).
Former des formateurs et formatrices permettant de déployer nationalement une formation à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Faire du suivi d’une formation à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles un prérequis obligatoire et sans exception à toute candidature à un mandat national.
Communiquer massivement au niveau confédéral sur les moyens mis en place pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et leurs résultats.
Tenir un registre des agresseurs consultable par une liste restreinte de camarades en vue de contrôler les candidatures aux responsabilités à tous les niveaux de la CGT.
Soutenir inconditionnellement et assurer la protection totale des victimes :
Croire les victimes.
Assurer l’accompagnement et la protection des victimes et des témoins.
Soutenir financièrement les victimes via l’aide à la prise en charge des frais de suivi médical ainsi que des frais de justice.
Renforcer les missions et les moyens humains et matériels de la cellule de veille confédérale, notamment sur l’accompagnement des victimes tout au long du
traitement de la situation. »
Explication
La formation est un outil efficace de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Les petites agressions du quotidien créent un environnement favorable au
développement d’agressions plus graves. Combattons le mal à la racine en organisant la formation de tou.tes les syndiqué.es.
Explication
Il est important qu’un maximum de syndiqué.es connaissent les moyens mis en œuvre par la CGT et leurs résultats, notamment pour responsabiliser les organisations qui ne sont pas au niveau de ce que l’on attend d’elles.
Explication
Afin de lutter contre le nomadisme des agresseurs, nous devons mettre en place un mécanisme permettant à toute organisation de s’assurer qu’elle ne met pas en
responsabilité d’agresseur connu.
Explication
Lorsque nous n’avons pas été en mesure, collectivement, de protéger les victimes, il est de notre responsabilité collective de les soutenir.
Explication
Pour réaliser ses missions dans de bonnes conditions, la cellule de veille a besoin de temps, d’un local dédié et de moyens de communication / contact sécurisés.
Suite amendements 2T377 à 2T379 (Thème 2, paragraphes 377 à 379)
Suite du texte à ajouter :
« Réagir immédiatement, à tous les niveaux de l’organisation, dans l’arrêt
des violences dénoncées :
Adopter un cadre commun d’intervention, de gestion, à l’ensemble des organisations.
Suspendre immédiatement tous les mandats syndicaux des agresseurs, à tous les niveaux de l’organisation, le temps nécessaire à la prise d’une décision définitive. Informer l’ensemble des syndiqué.es de chaque organisation concernée par une
alerte de la cellule de veille, afin que les camarades ne soient pas abandonné.es aux articles de presse, aux réseaux sociaux ou aux communiqués de presse voire à la désinformation produite et diffusée par les réseaux de soutien des agresseurs.
Organiser la réparation des collectifs syndicaux suite à des cas de violences.
Sanctionner les agresseurs :
Démandater les camarades ayant commis des violences à tous les niveaux : syndicat, unions, fédérations et confédération.
Exclure les agresseurs de la CGT dès lors qu’il y a suspicion de mise en danger des camarades.
Désaffilier les syndicats qui protègeraient des agresseurs. »
Explication
Il est important que cette mesure conservatoire soit appliquée à tous les niveaux de l’organisation sans exception, de façon à envoyer un message fort à l’ensemble des victimes « on vous croit » et des agresseurs « il n’y a pas de lieu de repli pour vous au
sein de la CGT ».
Explication
L’amélioration de la communication autour de ces cas est un préalable nécessaire à la déconstruction du tabou qui entoure ce sujet.
Explication
C’est une revendication que nous portons auprès de nos employeurs... il faut nous l’appliquer à nous- mêmes. Un collectif ne sort jamais indemne de ce genre de violences.
Explication
La réalisation d’une enquête interne doit permettre aux directions des organisations concernées de se forger une opinion quant à la dangerosité de la personne
incriminée. Dans le doute, la protection du collectif doit toujours primer. Dans tous les cas, la décision doit être partagée et s’appliquer à tous les niveaux del’organisation.